Victoria Sosa

Le voile est le plus fin à l’approche d’Halloween, et à travers lui, la pièce envoûtante de Noël Coward, Blithe Spirit, revient avec un ensemble envoûtant. La comédie acérée de Coward de 1941 brouille les frontières entre les vivants et les morts, le digne et le ridicule. Conformément aux convenances britanniques, je suis arrivé au Gunston Theatre Two dans une modeste robe noire, mon collier contre le mauvais œil caché en dessous, prêt à faire des bêtises.

Le romancier Charles Condomine (Eric Kennedy) invite un médium chez lui pour rechercher un livre sur un médium frauduleux. Avant même l’arrivée de la mystique Madame Arcati (Meghan Williams Elkins), le souvenir de sa première épouse, Elvira (Mary Rodrigues), hante son second mariage avec Ruth (Fosse Thornton). Les deux hommes s’engagent dans une bataille d’esprit, la manière habituelle de conflit entre les personnages de Coward. Poussé par la curiosité aux yeux verts de Ruth, Condomine compare ses épouses, admettant la sensualité supérieure d’Elvira mais déplorant son désordre moral, contrairement à Ruth, dont la « bonne éducation » et la lèvre supérieure raide apportent la paix dans leur vie. Ils sont rejoints par l’honorable Dr Bradman (Stephen Wheeler) et sa joyeuse épouse, Mme Bradman (Karey Hart), qui veulent participer à l’amusement de la séance de Madame Arcati, qu’ils croient tous être une farce. Pourtant, c’est leur mariage qui tourne à la farce lorsqu’Elvira revient en poltergeist.

Fosse Thornton (Ruth), Karey Hart (Mme Bradman), Stephen Wheeler (Dr Bradman), Eric Kennedy (Charles) et Meghan Williams Elkins (Madame Arcati) dans « Blithe Spirit ». Photo de Joe Dzikiewicz.

Dans ses mémoires, Graham Payne cite Coward décrivant Blithe Spirit comme une pièce sans cœur : « Vous ne pouvez sympathiser avec aucun d’entre eux. S’il y avait un cœur, ce serait une triste histoire. » Ce manque vital de sentimentalité repose sur des performances ironiques. J’applaudis les acteurs pour leurs interprétations humoristiques et vivantes des personnages bien-aimés de Coward.

Les mouvements élastiques de Kennedy pourraient représenter la suffisance d’un écrivain débonnaire ou l’agitation anxieuse d’un mari picoré avec juste ses sourcils. Il a déclenché une alchimie avec les deux actrices incarnant Ruth et Elvira, dont les énergies contrastées auraient pu déstabiliser un acteur principal moins expérimenté. Un comportement raide et une prestation précise caractérisent Ruth de Thornton. Sa tête pivota de mécontentement alors qu’elle crachait des ordres glacials, tandis que son corps restait dans un placement parfait – mains jointes, chevilles croisées – l’image même du calme. Rodrigues comme Elvira était plus un spectacle qu’un spectre. Elle a parcouru le deuxième acte, le visage boudeur, les doigts remuant. Sa performance dans l’acte trois a conservé sa bêtise nécessaire mais est devenue plus ancrée, révélant le côté terreux d’Elvira.

Enfiler les perles et les foulards de Madame Arcati est convoité par de nombreux acteurs. Elkins porte le personnage comme une veste kimono bien ajustée, dont les bijoux reflétaient des lumières scintillantes sur le sol sombre qui la suivaient comme de petits esprits. Elle agissait sur la pointe des pieds, gesticulant chaque ligne à fond, se jetant dans des délires et des chants. « Fini la mélancolie », a-t-elle crié, et elle s’est envolée alors que la foule se mettait à rire aux éclats.

Meghan Williams Elkins (Madame Arcati) dans « Blithe Spirit ». Photo de Joe Dzikiewicz.

Blithe Spirit est le premier film d’Alden Michels avec Dominion Stage. Mieux connu pour son travail d’acteur et de coach en dialectes, Michels a dû se sentir à l’aise en travaillant avec les accents anglais variés et les inflexions funky qu’exige cette pièce. La voix de chaque personnage reflétait habilement sa personnalité apparente. Ruth, qu’Elvira taquinait parce qu’elle « ne voyait pas au-delà du bout de son nez », parla d’un ton nasillard, haut dans la gorge. Le Dr Bradman parlait à voix basse, restant profondément dans sa poitrine pour produire une voix sensée et décisive, peut-être pour protéger le sceptique vulnérable qui sommeille en lui. Cette attention aux détails met en valeur l’expérience de Michels avec les aspects vocaux des arts du spectacle, qui s’étend bien au-delà des comédies musicales.

Une pièce comme Blithe Spirit ne peut pas être pleinement réalisée sans une équipe technique travaillant dur orchestrant des effets de lumière clignotants et vous allez le manquer ainsi que des signaux effrayants qui donnent au public un avant-goût de l’autre royaume. L’ensemble avait une esthétique plus campagnarde que celle que je connaissais : des murs à fines rayures roses associés au papier peint à fleurs de grand-mère, des chaises baroques en bois et des étagères chargées de peintures miniatures de femmes de la classe supérieure dans un cadre domestique. Cette conception criarde a donné du crédit à l’affirmation d’Elvira selon laquelle depuis son emménagement, Ruth avait « ruiné l’endroit ». Une touche de réalisme dans le monde fantaisiste de Blithe Spirit.

Durée : Deux heures et 20 minutes, dont deux entractes de 10 minutes.

Blithe Spirit joue jusqu’au 8 novembre 2025, présenté par Dominion Stage, au Gunston Theatre Two, 2700 S Lang St, Arlington, VA. Achetez des billets (30 $ pour l’admission générale) à la porte ou en ligne.

Esprit joyeux
Par Noël Coward
Réalisé par Alden Michels

CASTING
Charles : Éric Kennedy
Ruth : Fosse Thornton
Elvira : Marie Rodrigues
Madame Arcati : Meghan Williams Elkins
Mme Bradman : Karey Hart
Dr Bradman : Stephen Wheeler
Edith, U/S Ruth : Katie Barnett
U/S Charles : Michael McCarthy

PERSONNEL DE PRODUCTION
Productrice exécutive : Brianna Goode
Producteur : Andrew Goldman
Réalisateur : Alden Michels
Asst. Réalisateur : Mel Gumina
Régisseur : Maureen Dawson
Asst. Régisseur : Maggi Richard
Concepteur lumière : Andrew Harasty
Conceptrice des effets spéciaux : Allison Gray-Mendes
Concepteur d’effets spéciaux : Adam Ressa
Concepteur sonore : Janice Rivera
Costumière : Joan Lawrence
Coiffeuse et maquilleuse : Maureen Roult
Scénographe : Julie Fischer
Maître menuisier : Julie Fischer
Conceptrice des accessoires : Emma Bowers
Commode de décor : Emma Bowers
Chorégraphe Intimité : Brianna Goode

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