Dans "Chameleon", première mondiale du Theater J, l'humour affronte le chaos

Qu’est-ce que l’assimilation ? C’est la question posée lors de la première mondiale de Jenny Rachel Weiner. Le caméléon, la première production sous la direction de la nouvelle directrice artistique du Theatre J, Hayley Finn. Au départ une pièce de théâtre familiale, Le caméléon aborde en fin de compte la nature de l’identité juive et la présence bien trop pertinente des néo-nazis en Amérique.

La famille Golden-Kruger, aimante et démonstrative, vit à Roslyn, Long Island. C’est la veille de Noël, et tout le monde mange de la nourriture chinoise et célèbre le casting de sa fille Riz (Dina Thomas), ancienne actrice en difficulté, pour le rôle principal d’un film majeur, une nouvelle franchise de super-héros, Le caméléon. Confortablement bourgeois, ils vivent dans la maison construite par le grand-père Ira, survivant de la Shoah.

Deux performances distinctives, celles de Nancy Robinette (Bubbe) et d’Eric Hissom (Mitch), offrent un aperçu particulier des Golden-Krugers et de leur monde.

Mitch, le père, est au début de la soixantaine, un parent adorable qui exprime ses talents dramatiques dans le théâtre communautaire (« S’il te plaît, viens me voir [as The Doctor] dans Un tramway nommé Désirvendredi soir à 19 heures ! ») Eric d’Hisom est toujours le charmeur, qu’il sorte des albums photos, porte un toast à Riz, sa fille préférée, ou explique que les auteurs de bandes dessinées Joe Simon et Jack Kirby, qui ont créé Superman, étaient en réalité juifs.

Bubbe, la grand-mère, est une survivante de l’Holocauste comme son défunt mari. Aujourd’hui, malgré sa présence chaleureuse et espiègle, elle souffre de démence et ne parle qu’en yiddish. La détermination incandescente de Robinette dans le rôle de Bubbe nous rappelle la nécessité de célébrer même au milieu de la perte.

Le caméléon présente les partenaires potentiels des enfants adultes, qui travaillent dur pour faire bonne impression. Tous deux ne sont pas juifs. Le mari de Riz, Joaquin (Ryan Sellers), également acteur, déclare que c’est « un honneur » d’aller chercher un pashmina pour sa mère et sur-partageuse chronique Val (Sarah Corey).

Voici Joaquin, faisant de son mieux :

JOAQUIN (à lui-même) : Tu vas très bien, Joaq. Tu es en train de le tuer, mec ! Tout le monde t’aime et pense que tu es incroyable !
(Il voit une caisse de Manischewitz dans le placard. Il prend une bouteille et l’inspecte.)
(essayant de le prononcer) Man-ee-chew-itz ?
(Il boit une gorgée.)
C’est dégoutant.
(Il prend une autre gorgée.)
C’est toujours dégoûtant.
(Il prend une autre gorgée.)
Eh, ça ira.

La performance énergique des vendeurs est pleine d’inventions comiques.

Maya, la partenaire de Stephanie, bien interprétée par Arielle Moore, est titulaire de la chaire étudiante de bioéthique et de sciences humaines de son université. Végétalienne et défenseure des droits de l’homme, elle fait l’éloge de sa petite amie comme étant « une humaine assez incroyable ». La rivalité fraternelle entre Riz de Dina Thomas et la sœur cadette idéaliste Stephanie (Emma Wallach) bouillonne sous la surface tout au long.

Phillip (RJ Pavel), l’agent nerveux de Riz, entre dans un état de quasi-dépression nerveuse. Kirkland James, le célèbre réalisateur du film, est soupçonné d’être un néo-nazi.

Le chaos s’ensuit.

La ténacité à la limite de l’hystérie de Pavel et ses aspirations hollywoodiennes donnent aux Golden-Kruger un aperçu de la réalité du succès soudain de leur fille.

L’érudite Maya leur rappelle les Silver Shirts, un groupe d’inspiration nazie qui a infiltré le secteur cinématographique dans les années 1930. Riz cède sous la pression et tweete sur diverses choses non imprimables qu’elle ferait pour obtenir un rôle principal. Mère Val appuie par erreur sur « envoyer ».

On se rend peu à peu compte que Riz a filtré les événements de sa vie comme à travers une bande dessinée. D’autres transitions viendront. Une terrifiante attaque néonazie fait partie de l’action. Le caméléon, le super-héros juif, incarne le désir de Riz d’arrêter d’essayer de plaire aux autres et d’être fière de ce en quoi elle croit.

La scénographie, réalisée par Andrew R. Cohen, est particulièrement frappante, depuis la chambre d’enfance de Riz jusqu’à la destruction causée par l’attaque à la maison. Les costumes (Danielle Preston), accrocheurs et soigneusement choisis, ont quelques touches particulièrement amusantes : Joaquin porte à un moment donné un pull de Noël. La conception de l’éclairage de Ryan Seelig mérite également des félicitations.

Les personnages sont nombreux, et même si l’humour du scénario est séduisant, seule la personnalité de Riz est vraiment explorée en profondeur. Les changements de ton sont parfois déconcertants. Pourtant, la touche légère de la réalisatrice Ellie Hayman attire l’excellent travail de ses acteurs. Et l’amour, face au désastre, est toujours le bienvenu.

Durée : 90 minutes sans entracte.

Le caméléon joue du 16 octobre au 5 novembre 2023 au Théâtre J du Théâtre Aaron & Cecile Goldman du Centre communautaire juif Edlavitch DC, 1529 16e Rue NW, Washington, DC. Achetez des billets (50 $ à 70 $, avec des réductions pour les membres et les militaires disponibles) en ligne ou en appelant la billetterie au 202-777-3210.

Le programme pour Le caméléon est en ligne ici.

Sécurité COVID: Les masques sont obligatoires pour les représentations du jeudi soir et du samedi en matinée. Pour plus d’informations, consultez les directives de sécurité COVID du Theatre J.

Le caméléon
Par Jenny Rachel Weiner
Réalisé par Ellie Hayman

CAST (par ordre alphabétique)
Val : Sarah Corey
Mitch : Éric Hissom
Maya : Arielle Moore
Phillip : RJ Pavel
Bubbe: Nancy Robinette
Joaquín : Ryan Sellers
Riz : Dina Thomas
Stéphanie : Emma Wallach

ÉQUIPE CRÉATIVE
Réalisateur : Ellie Hayman
Scénographie : Andrew R. Cohen
Conception des costumes : Danielle Preston
Conception d’éclairage : Ryan Seelig
Conception sonore : Sarah O’Halloran
Conception des projections : Danny Debner
Conception des accessoires : Pamela Weiner
Consultante en mouvement : Leslie Felbain

VOIR ÉGALEMENT:
« Je voulais créer un super-héros juif » : Jenny Rachel Weiner, dont la pièce « Le Caméléon » est présentée en première au Théâtre J (entretien réalisé par Ravelle Brickman, 9 octobre 2023)

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