John Stoltenberg

UNAu début, deux jeunes hommes se tiennent dos à dos et, sur un accompagnement de guitare préenregistré, commencent à danser le drame onirique d'un engouement homosexuel non partagé qui se déroule dans Je réfléchis à mes souvenirs. Les deux interprètes, que j'appellerai le souvenir (Pablo Guillen) et le béguin (Joshua Cole Lucas), ont une synchronicité physique lyrique (ils ont tous deux passé du temps avec Synetic). Mais c'est la translucidité émotionnelle qu'ils apportent à leurs personnages, combinée à la narration douloureusement touchante du dramaturge-metteur en scène-chorégraphe Rodin Alcerro, qui rend cette entrée au Capital Fringe Festival extraordinaire.

Lorsque les deux acteurs parlent, le texte écrit par Alcerro (en espagnol, traduit en anglais par Oscar Quiroz) peut sembler arraché à l’âme. Et lorsque les acteurs se laissent entraîner dans leurs mouvements, leur chorégraphie parle un langage au-delà des mots. Des effets de lumière surréalistes de Hailey LaRoe et une conception sonore de Brandon Cook, qui parfois musicalise leur pas de deux tendre et torturé avec de l’orgue, de la guitare et du saxophone – et parfois délivre des grondements soudains et des explosions sonores – contribuent à unifier la performance en ce qui semble être une forme d’art à part entière.
Nous rencontrons d’abord Max (le béguin) et Manasés (le souvenir) dans un jeu de lancer et de réception d’enfance. Max taquine Manasés parce qu’il a la tête dans les nuages ​​tout le temps. Ce doit être une anomalie congénitale, plaisante Manasés. Puis, blottis ensemble sur un décor noir tagué d’expressions d’amour multicolores, Manasés demande : « Pourquoi vivons-nous ? » « Je suppose que nous vivons pour être heureux… », répond Max — ce qui suscite entre eux, et entre la pièce et nous, une réflexion existentielle fondamentale.

Le récit est dramatisé par morceaux, comme des octets de mémoire auxquels on accède brièvement. Parmi les incidents qui ont un impact sur l'histoire, on trouve la mort par pendaison du frère aîné de Max, humilié par son père parce qu'il portait des vêtements de femme.

Le drame familial de Max sur le genre est raconté comme… un spectacle de marionnettes comique. Manasés se souvient alors (ou s’imagine) tenir une robe et dire à son petit ami tant désiré : « Peut-être que si je ressemble à une femme, nous pourrions être ensemble. »

Un autre tournant est la révélation par Max à Manasés qu'il a une petite amie dans la vraie vie et qu'ils ont eu des relations sexuelles… et qu'elle est enceinte. Je ne révélerai pas où cela mène, mais il suffit de dire que ce qui se passe ensuite est à couper le souffle et déchirant.

Je me souviens avoir pensé quand j'ai lu le titre pour la première fois Je réfléchis à mes souvenirs que sa préposition semblait superflue, comme une mauvaise traduction maladroite. Après avoir vu le spectacle, je me rends compte que j'avais tort. Le souvenir ne se contente pas de méditer sur ses souvenirs (de son premier amour perdu) ; il médite à propos eux; il réfléchit ce qu'ils veulent dire. Et le résultat est une œuvre de théâtre tout à fait charmante et désarmante.

Durée : 65 minutes
Genre: Drame
Dates et horaires :

  • 18 juillet à 20h35
  • 20 juillet à 13h40
  • 21 juillet à 15h55

Lieu: Bliss, 1122 Connecticut Avenue NW
Des billets: 15 $
Plus d'infos et billets : Je réfléchis à mes souvenirs

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