« An Irish Story », au Théâtre de Belleville. Sylvie Camet 13 septembre 2019 Critique, Théâtre Elle est seule en scène… du moins à ce qu’il y paraît… puisque rapidement c’est une galerie de personnages qui va être rendue vivante aux yeux des spectateurs, et peut-être plus qu’au regard, à leur écoute, à leur capacité imaginaire. À leur écoute, puisque Kelly Ruisseau, la petite-fille partie en quête de son grand-père disparu, joue essentiellement de la langue, des langues qui sont toutes les siennes, parce qu’elle les réunit en cette espèce de synthèse que constitue sa double origine irlandaise et française, mais que chacune d’entre elles campe une histoire, chacune accentue la représentation d’un pays, d’un peuple, ou plus étroitement d’une région. La parlure, qui donne des êtres une définition sociologique, constitue ici un extraordinaire support d’expressivité avec lequel joue Kelly Rivière (la comédienne cette fois) avec une impressionnante virtuosité, passant d’un registre à l’autre, d’une voix à l’autre, avec une aisance qui donne la conviction que cet autre est bel et bien là. Elle est seule en scène… entourée d’un minimum d’accessoires, au point que l’on peut dire que seul compte le corps et non pas le décor, et pourtant l’on passe du début du XXesiècle à la période contemporaine, comme si l’image des années 50 à Londres, celle d’un pub aujourd’hui, du village de Knockcarron après la seconde Guerre mondiale, se précisait sans carton-pâte destiné à figer à grands traits notre géographie. La souplesse du verbe fait le travail, sans photographie, sans cartographie, nous nous laissons emporter et transporter. Elle est seule en scène… et seule dans cette vie qui l’a amputée d’une partie de sa généalogie, elle travaille sa mémoire et celle des siens, mais l’on s’aperçoit vite que cette histoire privée est une histoire collective. Une question d’exil, de pauvreté, d’impérialisme politique, nous empruntons l’itinéraire d’une inconnue qui nous est éminemment proche. Il suffit d’une quelconque transposition et nous y sommes, seules, seuls sur la scène. Et bizarrement, joyeusement, librement, nous faisons communion. s s s ss s s s s – De et avec Kelly Rivière Collaboration artistique Jalie Barcilon, David Jungman, Suzanne Marrot, Sarah Siré Collaboration artistique à la lumière et à la scénographie Anne Vaglio Scénographie Grégoire Faucheux Costumes Elisabeth Cerqueira – Du 1er septembre au 30 décembre 2019. Septembre : lun. mar. sam. à 19h | dim. à 20h30 Octobre : lun. mar. à 19h | dim. à 20h30 Novembre et décembre : lun. mar. à 21h15 | dim. à 20h30 Relâches le 1er octobre, 3 novembre, 1er, 24 décembre (durée 1h15) AU THÉÂTRE DE BELLEVILLE Laisser un commentaire Annuler la réponse Votre adresse e-mail ne sera pas publié. Nom* Email* Site Web Commentaire